EDF / Document de référence 2018

PRÉSENTATION DU GROUPE EDF Stratégie du Groupe

cependant, aucun de ces paramètres n’est assuré de rester au niveau actuel ■ comme l’atteste par exemple la forte variabilité des prix du permis européen d’émission de CO 2 qui ont fluctué entre 7 et 25 €/t au cours de l’année 2018. À la différence de l’Europe, la consommation d’électricité est en forte croissance dans les pays émergents, notamment en Asie, ce qui profite aux électriciens de ces zones avec des prévisions (1) de l’ordre de + 200 TWh par an en Chine entre 2017 et 2040 (+ 2,3 % par an en moyenne) et + 51 TWh par an en Afrique (+ 3,9 % par an), contre + 9 TWh par an dans l’Union européenne (+ 0,3 % par an). En Europe, la France et le Royaume-Uni développent des politiques d’indépendance énergétique bas carbone reposant principalement sur un mix conjuguant efficacité énergétique, énergies renouvelables et nucléaire. Ainsi, le Royaume-Uni, qui doit engager un renouvellement important de ses moyens de production d’électricité, a établi un Climate Change Act et a mis en place un modèle de marché cohérent avec cette politique (Carbon Price Floor, Contracts for Difference, marché de capacité, etc.). En France, l’électricité est également utilisée comme vecteur de décarbonation, et la loi du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte fixe un plafond de 63,2 GW de capacité nucléaire installée en France. Cette capacité est compatible avec un développement des énergies renouvelables dans le mix énergétique, compte tenu de l’évolution de la demande et des capacités d’exportation. Des marchés de capacité sont également en train de se développer, notamment en France, au Royaume-Uni (2) ou en Belgique. L’accord trouvé à Paris lors de la 21 ème Conférence des Parties (COP 21) confirme la mobilisation contre le changement climatique et la montée en puissance des transitions énergétiques au-delà de l’Europe. Cet accord, ratifié par 168 pays ainsi que par l’Union européenne, est entré en vigueur le 4 novembre 2016. Le sommet One Planet organisé à Paris en décembre 2017 a permis de mobiliser des fonds et de prendre des engagements en faveur de la lutte contre le changement climatique à l’échelle mondiale. En France, la loi de transition énergétique pour la croissance verte adoptée en août 2015 a fixé plusieurs objectifs de moyen et long terme relatifs aux émissions de gaz à effet de serre, à la consommation d’énergie et au mix énergétique français. Cette loi a conduit à l’élaboration d’une stratégie nationale bas carbone et d’une programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) pour piloter ces objectifs. La PPE définit les orientations et priorités d’action des pouvoirs publics pour la gestion de l’ensemble des formes d’énergie pour des périodes de 5 ans. La première PPE portait sur les périodes 2016-2018 et 2019-2023. En 2017 et 2018, la nouvelle PPE des périodes 2019-2023 et 2024-2028 a été élaborée en associant plusieurs acteurs. À cette occasion, le gouvernement s’est engagé plus avant dans la Stratégie Nationale Bas Carbone en adoptant l’objectif de neutralité carbone à l’horizon 2050. D’octobre 2017 à janvier 2018, 24 ateliers de travail ont été organisés par l’administration pour l’élaboration de la révision de la PPE. De mars à juin 2018, un débat public a été organisé par la Commission nationale du débat public. Le gouvernement a ensuite présenté les grands axes du projet de PPE le 27 novembre 2018 et le projet complet le 25 janvier 2019. Ce texte réaffirme que les objectifs énergétiques français portent sur la réduction des consommations d’énergie, en priorisant la baisse de consommation des énergies les plus carbonées, et sur le remplacement d'énergies carbonées par des énergies décarbonées. Il précise que l’électricité est un levier de décarbonation de nombreux usages. Il fixe notamment des objectifs de : diminution des émissions de gaz à effet de serre à 277 Mt CO 2 en 2023 et ■ 227 Mt CO 2 en 2028 ; baisse de 20 % de la consommation primaire d’énergies fossiles en 2023 et de ■ 35 % en 2028 par rapport à 2012 ; développement des énergies renouvelables (consommation de chaleur ■ renouvelable de 196 TWh en 2023 et une fourchette de 218 à 247 TWh en 2028 ; capacité installée d’énergie renouvelable électrique en France de 74 GW en 2023 et une fourchette de 102 à 113 GW en 2028) ; développement du véhicule électrique (1,2 million de voitures particulières ■ électriques en circulation en 2023) ; arrêt de la vente de véhicules neufs émettant des gaz à effet de serre en 2040 ; ■ 500 000 rénovations performantes de logements chaque année. ■ Il fixe à l’horizon 2035 l’atteinte d’une part de 50 % d’électricité nucléaire dans le mix électrique français, via la fermeture de 14 réacteurs d’ici 2035, dont les deux réacteurs de Fessenheim et 2 à 4 autres réacteurs fermés d’ici 2028 : deux réacteurs

fermeront dans la deuxième période de la PPE, en 2027 et en 2028, sous réserve du respect du critère de sécurité d’approvisionnement ; par ailleurs, si certaines conditions relatives au prix de l’électricité et à l’évolution du marché de l’électricité à l’échelle européenne sont remplies, deux réacteurs additionnels pourraient fermer à l’horizon 2025-2026, sur la base d’une décision à prendre en 2023. Le texte prévoit également l’arrêt d’ici 2022 des centrales de production électrique fonctionnant exclusivement au charbon. Pour le long terme, le projet de PPE indique qu’il est nécessaire de préserver une capacité de construction de nouveaux réacteurs nucléaires appuyés sur une technologie et des capacités industrielles nationales. Le gouvernement conduira avec la filière nucléaire d’ici mi-2021 un programme de travail portant notamment sur la capacité industrielle, un programme de dérisquage du nouveau modèle de réacteur EPR 2 proposé par EDF, l’expertise des coûts de ce réacteur, l’analyse des options de financement d’un programme de nouveaux réacteurs pour le système électrique français et les actions nécessaires en vue de la validation par la Commission européenne du dispositif de financement et de portage du programme. En outre, le gouvernement proposera les modalités d’une nouvelle régulation du parc nucléaire existant qui permette de garantir la protection des consommateurs contre les hausses de prix de marché allant au-delà de 2025 tout en donnant la capacité financière à EDF d’assurer la pérennité économique de l’outil de production pour répondre aux besoins de la PPE dans les scénarios de prix bas. Cette perspective ainsi que la trajectoire d’évolution du parc nucléaire confirment la pertinence du grand carénage du parc nucléaire (hors Fessenheim) engagé par EDF. Le projet de PPE sera soumis à la concertation au 1 er semestre 2019 et le décret devrait être publié courant 2019. De leur côté, les clients aspirent à être de plus en plus acteurs de leur consommation, et les territoires acteurs de leur politique énergétique. Ces nouvelles attentes poussent les énergéticiens à imaginer de nouvelles solutions et de nouveaux modèles plus décentralisés, facilités par les innovations technologiques du numérique et des télécommunications et par l’émergence de nouveaux usages, dont le véhicule électrique. Le secteur électrique est donc plus que jamais en transformation, au croisement des évolutions technologiques et sociétales de moyen et de long terme. Dans ce contexte, et compte tenu de ces perspectives, les électriciens européens ont réduit leurs investissements dans leurs activités traditionnelles et les réorientent vers des segments ciblés, notamment dans les énergies renouvelables et les solutions bas carbone, les zones de croissance à l’international, les réseaux, la fourniture aux clients, le stockage et les services. Ainsi, le groupe EDF a-t-il fixé ses axes stratégiques CAP 2030 en réponse à ce contexte et à l’impératif de contribuer au scénario limitant le réchauffement à + 2 °C (voir la section 1.3.2 « Priorités de la stratégie CAP 2030 »). Le groupe EDF a vocation à rester le champion de la production très bas carbone en adaptant progressivement son mix de production aux enjeux de la transition énergétique. La stratégie de décarbonation du Groupe est détaillée au chapitre 3 de ce document. EDF investit dans les technologies innovantes et dans le stockage d’électricité permettant d’accompagner la transition énergétique. EDF a ainsi annoncé des plans de développement du photovoltaïque, de la mobilité électrique et du stockage d’électricité. EDF s’appuie sur les atouts précieux que constituent son portefeuille clients et son ancrage territorial pour assurer le succès de la mise en œuvre de la transition énergétique. L’ensemble de ces activités permet de positionner le groupe EDF comme leader de la transition énergétique. En effet : l’avantage compétitif du parc nucléaire existant, le leadership dans l’hydraulique ■ et dans le développement des autres énergies renouvelables (éolien, solaire), les investissements dans des technologies innovantes, par exemple dans le domaine du stockage, permettent de répondre dans la durée, de manière complémentaire, au défi d’un mix énergétique comportant de plus en plus d’énergies renouvelables, disponible à tout instant au meilleur coût ; les investissements dans les réseaux électriques sont indispensables au ■ développement des énergies renouvelables et à la décarbonation des usages ; le portefeuille clients et l’ancrage territorial sont des atouts précieux pour la mise ■ en œuvre effective des usages décarbonés de l’énergie et des solutions d’efficacité énergétique.

1.

ources : AIE, World Energy Outlook, novembre 2018 et Eurostat pour la France, le Royaume-Uni, l’Italie et la Belgique. (1) Voir section 1.4.5.1.1 « Royaume-Uni – Stratégie ». (2)

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EDF I Document de référence 2018

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