BVA_NUDGE_2018
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lorsque les prévisionnistes surestiment leurs compétences et sous-estiment les risques possibles liés à un projet. Sans une formation adéquate, une équipe peut amplifier ce phénomène avec pour conséquence des projets qui reposent non pas sur des projections statistiques mais sur la confiance de l’équipe. Pour contrer le biais de planification, l’une des solutions consiste à recourir à une méthode baptisée Prévision par catégorie de références ( Flyvbjerg, Skamris Holm et Buhl, 2005 ; Kahneman et Tversky, 1979b ). La première étape de cette méthode consiste à créer un ensemble de références à partir des données issues de projets similaires. Des estimations sont ensuite formulées sur la base des écarts par rapport à cet ensemble, selon des variables liées au projet concerné. Par exemple, au lieu des six semaines indiquées par le point de référence moyen, une entreprise de construction peut évaluer à cinq semaines le délai de construction d’une maison parce qu’elle dispose d’une équipe dont les membres sont plus nombreux et plus compétents que pour de précédents projets similaires (cf. aussi biais d’optimisme, sur-confiance ). Biais de projection (Projection bias) En économie comportementale, le biais de projection renvoie à l’idée que les individus présument que leurs goûts ou préférences ne changeront jamais. Par exemple, ils sont susceptibles de surestimer l’impact positif d’une promotion professionnelle du fait d’une sous-appréciation de l’adaptation hédonique, de tabler sur un choix bien trop important pour leurs futurs achats (cf. biais de diversification ), ou encore de sous-estimer le prix de vente futur d’un objet en ignorant l’ effet de possession . Les différences entre les évaluations présentes et futures devraient être tout particulièrement sous-appréciées pour les biens durables, pour lesquels le niveau de satisfaction fluctuera vraisemblablement au fil du temps. Enfin, la sous-appréciation par les consommateurs de la création des habitudes (associées à des niveaux de consommation plus élevés dans le temps) peut induire le biais de projection dans les planifications futures, tels que l’épargne retraite ( Loewenstein, O’Donoghue et Rabin, 2003 ). Biais de statu quo (Status quo bias) Le biais de statu quo est évident lorsque les gens préfèrent que la situation reste la même en ne faisant rien (cf aussi inertie) ou en s’en tenant à une décision antérieure ( Samuelson et Zeckhauser, 1988 ). Il peut survenir même si les coûts de transition nécessaires sont faibles et même si la décision est très importante. Des données recueillies sur le terrain, lors d’inscriptions à des programmes universitaires de santé, montrent par exemple une grande disparité dans les choix entre les nouveaux inscrits et les autres. Ces choix ne peuvent pas s’expliquer par des préférences . inchangées. L’un des programmes, qui proposait des primes et des déductions beaucoup plus favorables, a bénéficié d’une part de marché accrue parmi les nouveaux inscrits, part nettement plus faible parmi les anciens. Samuelson et Zeckhauser notent que le biais de statu quo s’accompagne d’une aversion à la perte , et pourrait se justifier, d’un point de vue psychologique, par des engagements antérieurs et une réflexion sur les coûts irrécupérables , la dissonance cognitive,
202 Guide de l'Économie Comportementale - 2018
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