AFD - Document d'enregistrement universel 2020

PRÉSENTATION DE L’AFD Activités du groupe Agence Française de Développement en 2020

En Eurasie, le fléchissement de la croissance est en grande partie dû aux pays importateurs de pétrole (Arménie et Géorgie) en raison de pertes économiques plus importantes que prévues des mesures de confinement liées à la crise, mais aussi de la faiblesse des échanges, d’un effondrement de l’activité touristique, et de la chute brutale des transferts des migrants en provenance de Russie. Selon les projections du FMI, les pays exportateurs de pétrole de cette région (Azerbaïdjan, Kazakhstan et Ouzbékistan) enregistreront aussi un repli de l’activité économique en Ǿ 2020 à hauteur de - Ǿ 1,6 Ǿ % en moyenne, mais il sera relativement modéré par comparaison avec les pays exportateursdepétroled’autres régionsdumonde. L’Ouzbékistan, en particulier, devrait éviter la récession (croissance prévue à + Ǿ 0,7 Ǿ % en Ǿ 2020), ayant bénéficié de la hausse des cours de l’or et de conditions météorologiques favorables pour la production agricole. En Turquie, le FMI anticipe une contraction du PIB réel de - Ǿ 5 Ǿ % en Ǿ 2020, ce qui paraît conservateur, étant donné le soutien important des banques publiques à la croissance du crédit bancaire depuis le début de l’année. Les investisseurs étrangers ont sanctionné en Ǿ 2020 les orientations de politique économique, répondant au primat de la croissance économique à court terme au mépris des équilibres macroéconomiques (inflation et déficits jumeaux). L’utilisation massive et vaine des réserves de change pour défendre la livre a renforcé le risque de liquidité et de refinancement externe. Au Moyen-Orient, les répercussions de la crise sanitaire sur le secteur du tourisme entraîneraient une récession de - Ǿ 3 Ǿ % en Ǿ 2020 en Jordanie, qui continue de bénéficier du soutien financier de la communauté internationale, dans un contexte de finances publiques toujours dégradées. Le Liban connaît, quant à lui, une crise économique profonde et multiforme depuis 2019, matérialisée par un défaut de paiement sur la dette souveraine en mars Ǿ 2020. La dépréciation de la monnaie locale (qui a cédé 70 Ǿ % de sa valeur sur le marché parallèle depuis fin 2019), l’application de contrôles informels des mouvements de capitaux par l’ensemble des banques et les pénuries de devises étrangères ont déclenché une spirale d’hyperinflation, qui a entraîné des pénuries alimentaires, des coupures d’électricité et un accroissement de la pauvreté. En août, une forte explosion au port de Beyrouth a causé de lourdes pertes en vies humaines et d’énormes dégâts matériels. Elle a, en outre, conduit à la démission du gouvernement et à une nouvelle vague de manifestations, sans perspectives de sortie de crise à ce stade. L’Amérique Latine et Caraïbes serait la région la plus durement touchée par la crise en Ǿ 2020, témoignant de sa difficulté à enrayer l’épidémie. Par comparaison avec la moyenne des autres régions émergentes, l’impact plus fort de la crise serait dû à une exposition plus importante des économies latino- américaines aux secteurs intensifs en contacts (hospitalité, tourisme et divertissement), à la fois en termes d’emplois et de PIB. Le FMI projette une contraction de l’activité économique de - Ǿ 7,4 Ǿ %. En particulier, le PIB des deux principales économies de la région, le Mexique et le Brésil, devrait se contracter respectivement de Ǿ - Ǿ 8,5 Ǿ % et - Ǿ 4,5 Ǿ % en Ǿ 2020. La demande interne mexicaine (consommation et investissement) et le secteur des services subissent les effets prolongés de l’absence de relance budgétaire, tandis que la production de pétrole est au plus bas. Au Brésil, les mesures de confinement moins strictes que dans certains pays, et le stimulus budgétaire et monétaire mené par les autorités, semblent favoriser une reprise dynamique de la consommation et de l’activité au second semestre Ǿ 2020.

Le déficit budgétaire atteindrait - Ǿ 16,8 Ǿ % du PIB en Ǿ 2020, contribuant ainsi à l’accélération de la dynamique haussière de l’endettement public (101,4 Ǿ % du PIB à fin Ǿ 2020). Entrés dans la crise avec des situations économiques fragiles et des finances publiques dégradées, l’Argentine et l’Équateur ont été durement touchés en Ǿ 2020 (PIB réel projeté en baisse de - Ǿ 11,8 Ǿ % et - Ǿ 11 Ǿ % respectivement) mais ont trouvé à l’été un accord avec leurs créanciers privés pour restructurer leurs obligations internationales. Bien que la propagation de l’épidémie y ait été plus limitée que dans les autres régions, l’Afrique devrait également subir un choc économique d’une ampleur inédite en Ǿ 2020, avec une récession de - Ǿ 2,6 Ǿ %. En Afrique du Nord, l’Égypte devrait maintenir une croissance positive sur les années fiscales 2019-2020 (+ Ǿ 3,5 Ǿ %) et Ǿ 2020-2021 (+ Ǿ 2,8 Ǿ %) malgré les tensions sur ses sources de devises traditionnelles, affectées par la crise Ǿ : tourisme, transferts de migrants et revenus du Canal de Suez. Ayant reconstitué quelque peu ses marges de manœuvre budgétaires et externes depuis 2016, l’Égypte a ainsi pu prendre rapidement des mesures budgétaires et monétaires contracycliques avec le soutien du FMI et des bailleurs, et accéder aux marchés financiers internationaux pour couvrir son besoin de financement externe. En Tunisie, les marges de manœuvre budgétaires limitées du fait d’un endettement public élevé (à près de 100 Ǿ % du PIB) et un contexte politique difficile ont pesé sur la capacité des autorités à répondre à la crise. Exposé comme la Tunisie à l’impact de la crise sur le tourisme et la demande des pays européens (textile, automobile), le Maroc devrait connaître une récession d’ampleur similaire (- Ǿ 7,4 Ǿ %) en Ǿ 2020. L’incidence de la crise sur la croissance est particulièrement forte pour les pays exportateurs de matières premières, avec une contraction moyenne de - Ǿ 4 Ǿ % pour les pays exportateurs de pétrole et de - Ǿ 4,6 Ǿ % pour les exportateurs d’autres matières premières. Une reprise modeste (+ Ǿ 3,1 Ǿ %) est attendue pour Ǿ 2021, contrainte par le manque de capacité des pays africains à mener des politiques budgétaires expansionnistes. La dégradation de la situation économique de l’Afrique du Sud à l’œuvre depuis plusieurs années devrait s’aggraver sous l’effet de la crise. Une contraction du PIB de - Ǿ 7,5 Ǿ % est attendue en Ǿ 2020, tandis que la dette publique s’inscrirait en forte hausse (+ Ǿ 20 Ǿ points de PIB par rapport à Ǿ 2019) à 82 Ǿ % du PIB. Au sein de l’Afrique australe, la Zambie et l’Angola, économies dépendantes respectivement des exportations de cuivre et de pétrole, ont également vu leurs situations économiques vulnérables avant la crise s’aggraver davantage (récessions prévues de - Ǿ 4,8 Ǿ % et - Ǿ 4 Ǿ % respectivement) tandis que leurs dettes publiques atteindraient des niveaux insoutenables (120 Ǿ % du PIB dans les deux pays). Le PIB du Nigéria devrait également reculer de - Ǿ 3,2 Ǿ % en Ǿ 2020, en raison de la faiblesse des cours du pétrole, de la réduction de la production en vertu de l’accord conclu par l’OPEP+ et du recul de la demande intérieure imputable au confinement. Déjà durablement affaiblie par le choc de Ǿ 2014 sur les cours du pétrole, la CEMAC connaîtrait une récession importante en Ǿ 2020 (- Ǿ 3,2 Ǿ %) qui pourrait mettre à mal les efforts d’ajustement entrepris dans le cadre des programmes FMI et la lente reconstitution des réserves de change de la zone. En termes d’activité économique, les pays d’Afrique de l’Ouest (Bénin, Côte d’Ivoire, Ghana, Guinée) et d’Afrique de l’Est (Kenya, Éthiopie, Tanzanie) semblent globalement mieux résister à la crise, avec des taux de croissance positifs alors que près d’une trentaine de pays africains connaîtraient

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DOCUMENT D’ENREGISTREMENT UNIVERSEL 2020

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